A la fois contournées et traversées par le très beau film Circumnavigation, plusieurs villes portuaires d’Europe transparaissent par éclats entre les vertiges dansé-élans, torsions, coulées, effondrements suspendus, gestes d’effleurement. Quelque chose alors se descelle dans l’intermittence du regard. Entre les pans de lumière, le paysage. Fut-il surexposé, effacé par son propre excès d’apparition. Fut-il secoué par les rémanences du mouvement dansé qui font bouger entre elles d’autres couches de présences simultanées. Et si, en-deçà de l’image, des blocs d’aveuglement retiennent sans cesse le corps dansant à la frontière de sa propre expérience, c’est depuis cette sensation, quasi nocturne, de l’être au monde, que les danseurs de Circumnavigation autorisent le voyage de l’imaginaire vers son propre ailleurs.
Laurence Louppe
