Jerome ANDREWS / n + n CORSINO / hôtel LA LOUISIANE - Forwards & Backwards
Hôtel La Louisiane |
Jerome Andrews à La Louisiane
Dans la longue liste d’artistes qui ont choisi l’hôtel La Louisiane comme havre parisien, de Miles Davis à Keith Haring, en passant par Nam June Paik, il manquait un danseur. Jerome Andrews y résida de 1984 à 1992.
Cette exposition ravive sa mémoire dans une des chambres de l’hôtel.
Elle présente le film Forwards and Backwards, tourné à La Louisiane, qui retrace ses dits de danseur, sa philosophie de la vie et sa science du mouvement.
Des photos prises sur le vif du tournage en mai 1992, viennent donner corps à cette mémoire.
Forwards and Backwards
Tourné quelques mois avant sa mort, cet entretien avec le danseur, chorégraphe et pédagogue américain Jerome Andrews (1908-1992) est réalisé par les duettistes N+N Corsino, plus connus pour leurs activités de danseurs-vidéastes. Un portrait d'une belle sobriété, que n'illustrent ni photos ni extraits de spectacles. Quelques phrases s'intercalent parfois entre les images dont celle-ci en ouverture : "C'est l'esprit qui fait la forme. Le lieu de la danse est dans le mouvement qu'il soit juste ou faux." La vocation de danseur de Jerome Andrews lui apparut en rêve, à l'âge de 12 ans. "L'extase de l'animal", ainsi définit-il cette expérience. Trois ans plus tard, il obtient une bourse pour entrer à la Cornish School Dance de Seattle. A 17 ans, il danse avec Ruth Saint-Denis, puis avec Martha Graham et Doris Humphrey. Plus tard, il rencontre la danse expressionniste allemande et travaille avec Kurt Joos, puis Mary Wigman qu'il admire profondément. Enfin, il s'installe en France dans les années 1950 et danse alors avec Olga Stein, Karin Waehner, Jacqueline Robinson, les Dupuy. Une vie pleine de mouvements.
Fabienne Arvers, in catalogue du Centre National du Cinéma
production : Danse 34, Productions, Les Films du Tambour de Soie, Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice
avec le soutien de la SACD et du ministère de la Culture (DGCA)
La Louisiane
Ouvert en 1823 par un colonel des cuirassiers de l’Empereur, il sert de refuge à ses frères d’armes, survivants des champs de bataille du petit Corse.
C’est une muse de pierre, devenue au fil des ans le Chelsea Hotel parisien, où les artistes viennent y trouver l’inspiration. Un asile où, entre réalité et légende, l’imaginaire des voyageurs y est plus débridé qu’ailleurs.
À la Libération, l’hôtel est le lieu de ralliement des jazzmen américains (Miles Davis, John Coltrane, Bud Powell, Charlie Parker…), qu’ils ne quittent que pour jouer dans les caves des alentours. Dans les années 1970, il devient le QG des Doors et de Pink Floyd. La Louisiane est aussi un havre de paix pour les intellectuels. Ils étaient en sécurité et ils avaient chaud, en famille. * Au fil des ans, et encore aujourd’hui, nombre d’écrivains y séjournent, baignant dans les mots et les excès*. La légende a retenu ceux de Sartre (viré en 1946 par la tôlière qui n’apprécie pas le défilé de ses conquêtes), mais aussi Albert Cossery (le plus long occupant), Ernest Hemingway, Henry Miller, Simone de Beauvoir, Douglas Kennedy…
Depuis les années 1950 s’y succèdent aussi de nombreux cinéastes : Louis Malle, Bertrand Tavernier (qui fit de l’hôtel le décor d’Autour de minuit), Barbet Schroeder (qui y tourne More), Quentin Tarantino (qui déambule dans les couloirs psychédéliques *, scénario à la main), Leos Carax, Jane Campion… Et de multiples artistes contemporains : Alberto Giacometti, Salvador Dalí, Bernard Buffet, Lucian Freud, Cy Twombly…
In Télérama, Thierry Voisin, mai 2023 : *Le Refuge des étoiles, de Charlotte Saliou, Blacklephant Éditions